Resume: Une étude nationale de la flore nasopharyngée d'enfants atteints d'otite moyenne aiguë a été réalisée durant l'hiver 1994–1995 chez 630 enfants suivis en ville. Un total de 856 souches bactériennes a été isolé à partir des sécrétions nasopharyngées, les principales espèces isolées étant Haemophilus influenzae (31,9 % des souches isolées), Streptococcus pneumoniae (31,3 %) et Moraxella catarrhalis (24,1 %). Pour H. influenzae, le taux de portage nasopharyngé était de 43,3 % et celui des souches de sérotype b de 11,6 %. Trente pour cent des souches de H. influenzae étaient productrices de bêta-lactamase et 3,2 % des souches étaient résistantes à l'ampicilline sans pour autant produire de bêta-lactamase. Pour S. pneumoniae, le taux de portage nasopharyngé était de 42,5 % et celui des souches de sérotype 23 de 8,1 %. Le taux de souches de pneumocoque de sensibilité anormale à la pénicilline G (PSAP) était de 38,8 %, la majorité de ces souches (69 %) étant de sensibilité intermédiaire à la pénicilline (CMI 0,1-1mg/l). Plus d'un tiers (37,5 %) des souches de PSAP appartenait au sérotype 23, les autres sérotypes concernés par la résistance étant surtout les sérotypes 14, 19, 9 et 6. L'analyse de la répartition des souches de PSAP montrait que ce phénomène de résistance touchait l'ensemble de la France avec toutefois des disparités régionales importantes, l'incidence de ces souches apparaissant particulièrement élevée (≥ 50 %) en région parisienne, Normandie et dans le Sud-Est de la France. Cette hétérogénéité était également observée pour les souches de H. influenzae productrices de β-lactamase dont l'incidence était élevée (≥ 40 %) également en région parisienne et en Normandie, mais aussi en Champagne-Ardennes et dans le Nord. L'émergence des souches de PSAP et la rapide ampleur qu'a pris ce phénomène en quelques années un peu partout dans le monde remettent en question l'antibiothérapie classique des otites moyennes aiguës, d'autant que ces souches de pneumocoques et d'H. influenzae sont souvent multirésistantes (macrolides, cotrimoxazole…). La détermination des régions à forte prévalence de PSAP et de H. influenzae producteurs de β-lactamase incite à adapter l'attitude thérapeutique à l'épidémiologie bactérienne de chaque région. Diversifier les antibiotiques de première intention ne peut avoir qu'un effet bénéfique en termes de coût et d'écologie bactérienne.

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